Skip to content

Amortissement et dépréciation : ce qu’il faut savoir avant d’acheter un poids lourd

La fiscalité appliquée aux poids lourds est un sujet complexe. Quelles sont les règles d’amortissement pour ces véhicules ? Que faut-il savoir sur leur dépréciation ? Comment faire les bons choix lors de l’achat d’un poids lourd ? Pour garder la main sur les coûts, il s’agit de ne pas se tromper sur ces différents aspects. On vous explique comment.

 

Par Anne - Publié le 01/02/2021

Lecture : 4 min


Les bases de l’amortissement comptable s’appliquent aux véhicules poids lourds

Quand une entreprise achète un véhicule (au comptant ou à crédit), ce dernier se déprécie avec le temps et l’usage. Pour constater cette dépréciation, on pratique un amortissement comptable, qui revient à déduire le montant de l’investissement de manière échelonnée sur la durée de l’amortissement. Les amortissements sont déductibles fiscalement : ils réduisent la base d’imposition du bénéfice, ce qui génère une économie d’impôts. 

Comment calculer la durée de l’amortissement d’un véhicule poids lourd ?

Le taux d’amortissement retenu est généralement linéaire : il ne varie pas durant la durée d’amortissement du bien. Pour les camions, les durées d’amortissement se font sur le montant HT et varient en fonction d’éléments liés à l’entreprise (entretien, rythme d’utilisation…) et d’éléments externes (évolution de l’argus, du marché, progrès techniques…). Une durée de 48 mois au taux de 25% est un schéma courant.

La valeur résiduelle (ou valeur nette comptable) découle du montant de l’amortissement, selon le principe suivant : prix d’achat - cumul des amortissements = valeur résiduelle. A la revente du véhicule, le vendeur comparera la dépréciation réelle (prix d’achat - prix de revente) à la dépréciation théorique comptable et procédera à des ajustements se traduisant par une plus-value ou une moins-value de cession. L’amortissement se calcule au prorata temporis. La durée de l’amortissement peut être inférieure en cas d’utilisation intensive du véhicule et de respect de la durée normale d'utilisation de ce dernier.

Suramortissement pour les poids lourds : comment ça fonctionne ?

Il s’agit d’un amortissement supplémentaire à hauteur d'un pourcentage de la valeur du véhicule variable (20%, 40% ou 60%). Ce suramortissement prend la forme d’une déduction extra-comptable. Il concerne certains véhicules acquis entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2021, dont le poids total autorisé en charge (PTAC) est supérieur ou égal à 3,5 tonnes. Ce dispositif concerne uniquement les entreprises soumises à un régime réel d’imposition, qu’elles soient locataires (contrat de crédit-bail ou LOA) ou propriétaires.

Les premières dispositions concernaient uniquement les camions (mais aussi les bus, autocars, camionnettes, etc.) au PTAC supérieur ou égal à 3,5 t, acquis en 2016, 2017 et 2018, fonctionnant au gaz naturel (GNV, GNL), au bio-éthanol ou au carburant ED95. Le taux de suramortissement était alors de 40%. 

Depuis le 1er janvier 2019 et jusqu’à fin 2021, le cadre a toutefois évolué :

  • Les 2,6 tonnes et plus (moins de 3,5 tonnes) qui roulent à l’électrique ou à l’hydrogène, exclusivement ou en complément des autres énergies, sont désormais éligibles au suramortissement, avec un taux de 20%.
  • Les 3,5 tonnes et plus (moins de 16 tonnes) qui roulent à l’électrique ou à l’hydrogène, exclusivement ou en complément des autres énergies, sont désormais éligibles au suramortissement, avec un taux de 60%. 
  • Les 3,5t et plus (moins de 16 t) fonctionnant au gaz naturel, au bio-éthanol ou au ED95 voient leur taux de suramortissement passer à 60%. 

Pour les véhicules au PTAC supérieur ou égal à 16 tonnes, roulant aux énergies gaz naturel, bioéthanol, ED95, électricité ou hydrogène, un taux de suramortissement de 40% est désormais applicable.

Achat d’un poids lourd : comment faire le bon choix ?

Pour ne pas se tromper lors de l’achat d’un poids lourd, il faut passer en revue de nombreux éléments qui vous permettront de faire un choix éclairé et de garder la main sur les coûts.

Identifier toutes les énergies existantes

Aujourd’hui, on trouve essentiellement des poids lourds au gasoil et des poids lourds au GNV (GNL et GNC). Des camions électriques ont aussi fait leur entrée sur le marché. Quant aux camions à pile à combustible et hydrogène, ils représentent une solution potentiellement prometteuse. Selon le patron de Michelin, Florent Menegaux, l’hydrogène serait même « la prochaine grande révolution du transport ». Hyundai est à la pointe, mais il faut aussi compter avec Toyota, Daimler, Volvo… L'hydrogène propre, issue de l'électrolyse de l'eau, est l’une des priorités de l’UE. L’Allemagne va dépenser 9 milliards d'euros et la France 7 milliards, notamment à destination du transport routier, où cette technologie en est pour l'instant à ses prémices.

Choisir la bonne énergie pour vos poids lourds

Les critères à étudier sont l’autonomie du véhicule, les types de trajets envisagés (distribution urbaine et régionale, tout-France, longue distance…), la norme Euro (V, VI…) et les avantages qui vont avec en termes notamment de règles de circulation, le réseau d’avitaillement / recharge existant, le TCO (qui tient compte du prix d’achat du véhicule, de la fiscalité qui lui est rattachée et du coût de l’énergie), sans oublier les garanties et les contrats de maintenance proposés par les constructeurs.

In fine, ce sont les conditions d’exploitation qui détermineront quelles énergies vous pouvez envisager. Camions au GNV, au GNL, au gazole ou électriques : chaque technologie a ses avantages et ses contraintes, et s’avère plus ou moins adaptée à l’usage prévu. Faites quelques recherches sur l’état des réseaux (points de charge, avitaillement) et les perspectives de déploiement, car les choses avancent vite et le maillage de stations ne cesse de s’améliorer.

Opter pour un véhicule conforme à vos besoins techniques

Identifiez vos besoins réels en matière de puissance moteur (la surenchère n’est pas toujours pertinente), de tonnage, de châssis (camion porteur avec un seul châssis, le plus simple, ou tracteur routier avec deux châssis, plus flexible) et d’aptitudes techniques (catégorie de cabine, cabine aérodynamique ou non, confort de conduite, équipements divers et sécurité, etc.).

Se renseigner sur le marché des véhicules d’occasion pour l’amortissement de vos poids lourds

La valeur marchande des poids lourds tend à baisser, et dans certains cas, on peut même parler de dégringolade. En cause : l’évolution des normes et l’état du marché de l’occasion, qui entraînent de sérieuses décotes. Par exemple, depuis l’arrivée de l’Euro VI, un poids lourd Euro IV ne se négocie presque plus. Autre facteur ayant plombé les prix, la pratique du buy back, utilisé par les constructeurs depuis plusieurs années. 

Le phénomène a fortement déséquilibré l’offre et la demande, dégradant la valeur marchande des véhicules poids lourds d’occasion. Miser sur la revente d’un véhicule pour faire du résultat est de ce fait une méthode de gestion de plus en plus périlleuse pour les entreprises. Bon à savoir toutefois : certains modèles demeurent encore assez prisés, grâce aux options et équipements qu’ils embarquent. A vous de les repérer pour pouvoir en tirer pleinement profit par la suite !

 


Pour aller plus loin


 

Retour