Le platooning ouvre de nouvelles perspectives au transport routier
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L’évolution des technologies en matière de véhicule autonome ouvre de nouvelles perspectives au transport routier de marchandises. La conduite en peloton en fait partie. Couramment appelée platooning, elle consiste à faire circuler plusieurs poids-lourds semi-autonomes en convoi rapproché. Mais comment ça fonctionne ? Quels sont les bénéfices de cette technologie ? Que disent les essais réalisés à ce jour et que peut-on espérer dans un avenir proche ? On fait le point.
Par Anne - Publié le 28/12/2020
Lecture : 4 min
Le platooning, comment ça fonctionne ?
Son nom de baptême est « système coopératif de circulation de peloton de camions (SCCPC). Le platooning (« peloton » en anglais) est un concept né aux Etats-Unis il y a une trentaine d’années. Il consiste à faire circuler plusieurs poids-lourds en convoi rapproché. A première vue, c’est assez simple. Mais le diable se niche dans les détails. Le platooning repose en effet sur l’évolution de la conduite autonome, en utilisant la communication véhicule à véhicule (V2V) et les systèmes d’aide à la conduite.
Reliés par une « barre d’attelage » virtuelle, les poids lourds d’un même peloton communiquent entre eux et se synchronisent de manière automatique. C’est le véhicule de tête, conduit par un chauffeur, qui dicte aux camions suivants la direction et la vitesse. Tous roulent à distance constante, à une inter-distance inférieure à 20 mètres. Les conducteurs suiveurs reprennent la main sur leur camion en cas de nécessité, pour quitter le convoi par exemple.
Quels sont les atouts du platooning ?
Grâce au platooning, le transport routier de marchandises pourrait réduire son empreinte écologique, améliorer la sécurité sur la route et ses performances opérationnelles. Comment ? La diminution de l’espace entre les véhicules estompe la trainée aérodynamique des véhicules du peloton, et la stabilisation de la vitesse réduit la fréquence d’accélération et de décélération. Cela génère une économie sur la consommation de carburant et limite les émissions de CO2. L’ampleur du phénomène dépend toutefois de plusieurs facteurs, à commencer par l’espacement entre les véhicules.
Plus l’inter-distance est courte et plus la performance en termes d’économie de carburant est grande. Celle-ci pourrait dépasser les 10% avec une inter-distance de 5 à 10 mètres. Le poids des véhicules, leur taille, la longueur et la vitesse du peloton, les vents ou encore l’alignement des camions sont aussi des facteurs de variation. Autres atouts : le temps de roulage est plus élevé et le mode peloton synchronisé désencombre la surface routière. Le tout avec l’avantage d’une sécurité renforcée puisque le développement des véhicules automatisés réduit le risque d’erreur humaine et rend le freinage d’urgence plus performant.
Platooning de poids lourds : quels sont les résultats des tests ?
Des projets tels que l’European Truck Platooning Challenge en 2016 ont démontré que la technologie du platooning fonctionne. L’étape suivante vise à l’adapter aux conditions réelles d’exploitation. En 2017, Man Truck & Bus s’est ainsi lancé dans un projet co-financé par les pouvoirs publics allemands. Le constructeur s’est associé au transporteur DB Schenker et à l’université des sciences appliquées Fresenius, pour mesurer l’impact de cette technologie sur les conducteurs. La production de véhicules de test semi-autonomes a été suivie d’essais routiers durant plusieurs mois, d’abord à vide puis en conditions réelles. Les tests ont été menés en conditions réelles sur autoroute, à une inter-distance de 15 mètres. Ils ont mis en évidence une économie de carburant de 5% et des progrès en situation de freinage d’urgence.
Les tests ont aussi relevé qu’un camion pourrait parcourir 950 km en 24h, soit 220 km de plus. A la clé, une flotte performante. Enfin, une chaîne de véhicules plus compacte augmenterait la capacité d’une voie de 30 à 40%, permettant ainsi une meilleure fluidité du trafic. Par ailleurs, un peu partout en Europe, des essais sont réalisés en laboratoires dans le but d’affiner les systèmes d'informations qui sécuriseront les échanges entre les convois et la route. Autre initiative technique intéressante : des bornes intelligentes ont été placées en bord de route à Versailles. Les signaux de communication électronique qu’elles envoient renseignent les véhicules sur la couleur des prochains feux et cinq kilomètres avant, sur l’existence d’éventuels d’embouteillages.
Peloton de camions : que dit la réglementation à propos du platooning ?
En une décennie, la technologie du platooning a enregistré des avancées significatives. Mais le principal frein à son déploiement est d’ordre réglementaire : la législation actuelle impose une distance minimale de 50 mètres entre les véhicules. L’avènement du platooning passera donc par une évolution législative, pour modifier l’inter-distance autorisée (inférieure à 20 mètres et pouvant descendre à 5 ou 8 mètres) et définir le périmètre routier adéquat. Inenvisageable en milieu péri-urbain, le concept pourrait être réservé à certains tronçons autoroutiers.
La mise en place du projet européen ENSEMBLE (ENabling SafE Multi-Brand pLatooning for Europe) œuvre en ce sens. Réunissant une quarantaine de partenaires, dont six constructeurs, ce consortium doté de 20 millions d’euros veut également ouvrir la voie aux convois multi-marques, grâce à une interopérabilité du système. ENSEMBLE travaille ainsi à l’élaboration de standards technologiques et à l’harmonisation des cadres juridiques des Etats membres, dans le but d’obtenir le feu vert sur le platooning.
L’autonomie est l’avenir du transport routier de marchandises
Le développement de la 5G va permettre des transmissions ultra-rapides, optimisant la synchronisation des véhicules et leur réactivité. Les premiers pelotons de poids lourds semi-autonomes pourraient ainsi arriver sur nos routes dans moins de dix ans. Et ça tombe bien : les résultats de plusieurs études indiquent que le volume du fret mondial devrait doubler dans les trois décennies à venir. Ils ouvriront la voie aux camions autonomes de niveau supérieur, dotés de capacités de communication entre véhicules encore plus grandes.
Ces technologies font partie de l’avenir du TRM. Ainsi, Mercedes-Benz Trucks France a mis le cap sur la prochaine génération, celle des véhicules en délégation complète de conduite, en investissant 500 millions d’euros dans la recherche sur cette technologie. Les stratégies des constructeurs diffèrent, mais elles misent toutes sur le déploiement sur l’autonomie.
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