
Ecomobilité : les nouvelles pratiques en entreprises
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Autopartage, covoiturage, vélo et véhicules électriques en libre-service : l’offre de mobilité ne cesse de s’étendre au cœur de la ville. A l’instar des particuliers qui abandonnent progressivement leur véhicule pour les petits trajets, les entreprises commencent à envisager la mobilité de leurs collaborateurs de façon différente. Outil de motivation fort pour les collaborateurs et solution indispensable pour les longs déplacements professionnels, le véhicule de fonction est progressivement intégré, pour les petits trajets (domicile-travail), au cœur de stratégies de déplacements plus doux, basées sur les contraintes de l’entreprise et les besoins de chaque collaborateur. Comment mettre en œuvre une politique d’écomobilité adaptée au sein de sa structure ? Quelles solutions sont envisagées par les entreprises ?
Par Clémentine D. - Publié le 04/01/2012, mis à jour le 01/08/2019
Lecture : 7 min

Elaborer un Plan de Déplacements Entreprise
Face au durcissement progressif de la fiscalité environnementale en matière de transport (hausses des bonus-malus et de la TVS), les entreprises remettent en question les modes de déplacements de leurs collaborateurs. Alors que certaines choisissent de passer au tout électrique, d’autres adoptent une démarche plus globale, tenant compte de l’ensemble de l’offre proposée par les acteurs de la mobilité. Audit, diagnostic et plan d’actions adapté : tout commence par un Plan de Déplacements Entreprise (PDE) !
Le Plan de Déplacements Entreprise, qu’est-ce que c’est ?
Selon les chiffres de l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise (OVE), une voiture est utilisée en moyenne 50 minutes par jour et immobilisée 95 % du temps. Grâce au PDE, les entreprises s’engagent à optimiser l’usage du véhicule individuel par leurs collaborateurs en l’intégrant au cœur d’une stratégie globale de mobilité. Cette démarche permet d’analyser tous les déplacements d’une entreprise, qu’ils soient liés aux salariés, aux fournisseurs, aux clients et aux visiteurs. A l’issue du PDE, l’entreprise élabore un plan de mobilité adapté à ses problématiques, capitalisant sur toutes les solutions de transport capables de limiter l’utilisation du véhicule : la marche à pied, le vélo, les transports en commun, le covoiturage, l’autopartage...
Du diagnostic...
Comme l’indique l’ADEME dans sa brochure sur le Plan de Déplacements Entreprise, le PDE consiste à passer en revue :le budget transport de l’entreprise : coûts fixes (versement transport, location de parking, etc.), coûts variables (indemnités kilométriques, consommation de carburant, péages, remboursement des abonnements au transport en commun, etc.) et les investissements réalisés pour accueillir les véhicules (stationnement, infrastructures, etc.),le budget transport des collaborateurs : coûts des déplacements domicile-travail selon le mode de transport utilisé (transports en commun, voiture particulière, vélo, marche, etc.),l’accessibilité aux sites de l’entreprise : étude des modes d’accès, des conditions et du temps de parcours, identification des points noirs du trafic et analyse des capacités de stationnement.
...à la mise en œuvre
A l’issue de l’étude, l’entreprise constitue une équipe de travail. Celle-ci peut se faire accompagner de consultants et de partenaires spécialisés (ADEME, Autorités Organisatrices des Transports Urbains, collectivités...). Ensemble, ils déterminent un plan de mobilité adapté et planifient la mise en œuvre de solutions incitatives auprès des salariés. Une fois ce plan validé par l’organe décisionnaire de l’entreprise, un animateur, choisi parmi les collaborateurs, veille à la mise en application des mesures arrêtées.
En pratique !
D’après l’ADEME, 250 entreprises françaises se sont déjà lancées, à ce jour, dans une démarche de PDE. Les mesures mises en place pour optimiser les déplacements de leurs collaborateurs sont nombreuses et adaptées aux problématiques de chacune d’elles. Parmi les grandes mesures privilégiées par les entreprises :La promotion des transports publics, pour réduire les besoins de stationnement et augmenter le pouvoir d’achat des collaborateurs. L’incitation des salariés au covoiturage, pour maîtriser le nombre total de véhicules de la flotte et les coûts associés à leur utilisation.La mise en place d’un dispositif d’autopartage, pour limiter le nombre de véhicules et de places de stationnement. La promotion de modes de transport doux (vélo), pour optimiser les coûts générés par les petits trajets.
Une démarche soutenue par l’ADEME
Les Délégations Régionales de l’ADEME proposent aux entreprises leur aide technique et financière pour monter leur projet et réunir les partenaires garants de sa réussite. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’ADEME.
Favoriser le covoiturage et l'autopartage
En France, la majorité des déplacements en voiture se font seul au volant : une réalité qui coûte bien cher à l’environnement, mais aussi au budget flotte automobile des entreprises ! Si l’autopartage et le covoiturage gagnent peu à peu du terrain auprès des particuliers, qu’en est-il des entreprises ?
Le covoiturage : vecteur d’économie et créateur de liens
Apparu dans les années 1990, le covoiturage se développe progressivement dans les entreprises. L’objectif ? Réduire le nombre de véhicules en circulation pour un même déplacement, en permettant aux salariés d’effectuer leurs trajets domicile-travail à bord d’une même voiture. Un mode de mobilité à la fois respectueux de l’environnement, économe mais aussi créateur de liens et de convivialité. Toutefois, la mise en place d’un tel dispositif implique une organisation efficace, qui inclut :
-la création d’un fichier d’offres et de demandes pour organiser les allers-retours domicile-travail,
-le développement d’un intranet dédié, facilitant la mise en relation des collaborateurs pour organiser leurs trajets,
-la privatisation de places de stationnements réservées aux covoitureurs, pour inciter les salariés à opter pour ce mode de déplacement.
Autre clé de succès ? L’information et la sensibilisation des salariés au dispositif de covoiturage mis en place par l’entreprise est indispensable pour étoffer le fichier d’offres et de demandes (affiches, flyers, réunions de présentation...). En effet, plus il y a d’inscrits, plus le dispositif fonctionne !
Taxi partagé : notes de frais optimisées !
Encore méconnu du grand public et des professionnels, le partage de taxi a intégré en 2007 le rang des solutions de mobilité durables. Le principe : permettre à des passagers de se fixer rendez-vous, via une plateforme en ligne (ou un Smartphone), à une gare, un aéroport ou une station de taxis, pour partager la course, et ainsi le montant de leur facture !
L’autopartage en entreprise : passer de la possession à l’usage
Idéal pour effectuer de petits trajets, l’autopartage consiste à mettre à disposition un véhicule, sur réservation par internet, dès qu’un usager en a besoin. Ce mode de déplacement, vieux de plus de 10 ans, constitue une véritable alternative économe et durable à la location de véhicules courte durée ou à l’utilisation de taxis. Selon l’ADEME, il « répond à un vrai besoin puisque 70 % des trajets effectués par ce moyen ne pourraient pas être faits autrement qu’en voiture, la desserte en transports publics n’étant pas assez complète, la course en taxi et la location traditionnelle de voiture n’étant pas adaptées pour des trajets de moins d’une demi-journée. ». Les véhicules, fournis par l’entreprise elle-même ou par une société d’autopartage qu’elle aura sollicitée, font l’objet de réservation en ligne par le collaborateur, qui en dispose dès qu’il doit effectuer un trajet (professionnel et/ou personnel) et le restitue au terme de son rendez-vous. L’autopartage s’intègre dans une stratégie globale d’optimisation des déplacements. En effet, d’après les experts du secteur, un véhicule partagé pourrait remplacer jusqu’à 10 véhicules individuels.
D’une mobilité partagée à une mobilité collaborative ?
En novembre 2011, dans le cadre de sa conférence intitulée : « Les entreprises actrices du partage de la mobilité : demain, une évidence économique ? », l’OVE conviait les entreprises et les professionnels de la mobilité à échanger sur un nouveau mode de consommation en pleine émergence chez les particuliers : la consommation collaborative. Une démarche visant à « partager les biens, les mettre en commun, en faire bénéficier ses voisins, ses amis, les membres de sa communauté, gratuitement ou avec une contrepartie financière », explique l’OVE. Un système de « location » entre particuliers, dans un premier temps dédié à donner une seconde vie aux objets du quotidien (perceuse, appareil photo, poussette, etc.), et qui s’est naturellement étendu au secteur automobile. Désormais, les particuliers se louent leurs voitures entre eux grâce à des sites internet d’intermédiation dédié. Et cette mobilité collaborative pourrait toucher, dans quelques temps, le monde de l’entreprise. En effet, de nombreux acteurs de la mobilité travaillent actuellement sur des offres adaptées aux besoins professionnels, permettant aux entreprises de proposer à la location leurs véhicules de fonction à une autre entreprise, sous conditions de garanties (conducteur agréé, assurances adaptées, gestion externalisée, etc.)Pour en savoir plus sur le covoiturage ou l’autopartage, rendez-vous sur le site de l’ADEME.
Pour tout savoir sur la consommation collaborative, consultez le compte-rendu vidéo de la conférence de l’OVE.*Etude Opinionway, « Les français et les enjeux de la mobilité durable », réalisée pour la MACIF en août 2011.
Inciter à l'intermobilité
Si les alternatives à l’utilisation du véhicule se multiplient au cœur de nos villes, celui-ci reste un outil de valorisation reconnu par les entreprises et indispensable pour les longs trajets de leurs collaborateurs. Pour les trajets domicile-travail, certaines d’entre-elles incitent toutefois leurs salariés à intégrer leur voiture au cœur d’une démarche d’intermobilité : c’est-à-dire, combiner l’usage du véhicule à l’utilisation de plusieurs modes de transport sur un même trajet.
L’intermobilité en pratique
Vélos et véhicules électriques proposés en libre-service, trams, bus, métros, RER ou trains : l’offre de transport en ville ne cesse de s’intensifier. L’intermobilité (dit également « intermodalité ») ne consiste pas à supprimer totalement l’utilisation de la voiture, mais uniquement à en limiter l’usage en invitant les usagers à combiner plusieurs modes de transport pour un même déplacement. Ce type de mobilité, s’il est adopté par les collaborateurs, peut générer de véritables économies pour l’entreprise, tout en améliorant son image. Ainsi, bon nombre d’entre-elles encouragent leurs salariés à s’engager dans cette démarche pour effectuer leur trajet domicile-travail ou se rendre à un lieu de rendez-vous.
Promouvoir l’usage du vélo
En quelques années, le vélo en libre-service a su se faire une place de choix dans le cœur des citadins de nombreuses villes telles que Lyon, Paris, Marseille, Grenoble, Toulouse, Nancy ou encore Dijon… Les clés de la réussite ? Un maillage bien étudié, une maintenance régulière et des prix accessibles. En outre, contrairement aux idées reçues, l’usage du vélo peut se révéler bien plus pratique et rapide que celui de la voiture en milieu urbain. Selon l’ADEME, « un cycliste roule à 15 km/heure en ville, alors que la vitesse moyenne des véhicules est de 14 km/heure. ». Souvent situé à proximité des gares ou des stations de métro, ils peuvent facilement se combiner à un trajet en transport en commun ou en train. Pour promouvoir l’usage du vélo (sous toutes ses formes : individuel ou en libre-service), certaines entreprises, comme Alcatel Alenia Space ont d’ailleurs aménagé des infrastructures dédiées à leur stationnement sur le site de l’entreprise. D’autres, comme Maviflex, ont même choisi de mettre à disposition de leurs salariés, un parc de vélos à assistance électrique pour faciliter leurs trajets (déplacements intrasites notamment).
Encourager l’utilisation des transports publics
Autre alternative à l’usage du véhicule : les transports publics (bus, trams, métros, RER). Rapidité, fluidité, commodité et information en temps réel : ils deviennent l’une des alternatives au véhicule de fonction privilégiées par les salariés (à Lyon, par exemple, 30 % des déplacements en transport en commun concernent les trajets domicile/travail, selon les chiffres remontés par l’Observatoire Energies d’Entreprises). Une solution pratique mais aussi source d’économie pour l’entreprise : selon l’ADEME, pour un trajet de 20 km, la voiture coûterait 16€/j, contre une moyenne de 1,15€ pour 1 abonnement aux transports en commun.
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