
[AVIS D’EXPERT] Hypovigilance : réveillez-vous face à la somnolence au volant !
Collaborateurs sur la route > Sécurité routière
A l’occasion d’un long voyage ou simplement lors des trajets domicile-travail, la fatigue peut vous assaillir subitement. Un état de somnolence synonyme de grand danger. Comment détecter les signes annonciateurs de l’endormissement au volant ? Que faire pour limiter les risques ? On fait le point avec Maria-Antonia Quera Salva, chef de l’unité du sommeil de l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches.
Par Clémentine D. - Publié le 04/10/2019, mis à jour le 30/09/2019
Lecture : 4 min

13 % des conducteurs français ont déjà eu, ou failli avoir, un accident en raison d’un assoupissement ou d’un endormissement au volant, selon le Baromètre de la conduite responsable 2019 réalisé par l’IPSOS pour la Fondation Vinci Autoroutes. Un chiffre inquiétant provoqué par le manque de sommeil, le stress au travail, la conduite de nuit ou encore la prise de certains médicaments ou d’alcool… Les risques sont sérieux : la somnolence est la première cause d’accidents mortels sur autoroute. Elle est responsable ou co-responsable dans 29 % des cas. Dans le même temps, 34 % des automobilistes admettent prendre la route sous l’emprise de la fatigue, selon le Baromètre du comportement des Français sur les routes 2019 d’AXA Prévention. Des améliorations sont donc encore possibles…
Une somnolence au volant lourde de conséquences
L’hypovigilance, désignant l’état entre la veille et le sommeil, se traduit par une incapacité à conserver l’attention et une capacité d’analyse optimale. Elle altère les capacités physiques à des degrés divers, selon l’état de santé ou l’âge des personnes : le temps de réaction augmente, le champs visuel rétrécit, l’esprit logique et la mémoire à court terme sont réduits, avec des risques de ne pas prendre correctement en compte la signalisation ou les trajectoires des autres usagers de la route…
Fatigue : êtes-vous en état de conduire ?
Plusieurs signes très concrets de fatigue au volant doivent vous alerter :
- les yeux qui picotent ;
- la vision qui se trouble ;
- la nuque raide et douloureuse ;
- des bâillements ;
- la tête lourde et douloureuse ;
- les jambes engourdies ;
- une position de conduite inconfortable…
Hypovigilance, les dispositions qui s’imposent
Dès l’apparition de ces symptômes, arrêtez-vous pour faire une pause revigorante. N’hésitez pas à prendre ce temps, même plus souvent si nécessaire, y compris dans les derniers kilomètres de votre trajet. Les stations-service TOTAL, implantées notamment sur de nombreuses aires d’autoroute, permettent de faire des pauses agréables. Vous pouvez y boire un café, accéder au WiFi ou encore vous changer les idées en effectuant des achats en boutique. Enfin, pour encore plus de sécurité, « partagez le volant » si cela est possible.
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Comment lutter contre la fatigue au volant ?
Il n’y a pas de secret : pour éviter la fatigue, mieux vaut bien dormir ! Une évidence qu’il n’est pas toujours simple à respecter. D’autant plus si vous effectuez un long voyage, couchez-vous tôt et évitez les écrans. Anticipez les bagages et les collations à emporter : fruits, café, eau… Evitez aussi la prise de médicaments dans les heures précédentes, notamment ceux contre-indiqués et les somnifères. Enfin, assurez-vous que votre position de conduite est parfaite pour qu’aucune douleur ne vienne perturber votre trajet.
Au quotidien, vous pouvez être acteur de votre bonne santé. Il est conseillé de :
- faire du sport /yoga ;
- s’exposer à la lumière (avec des séances de luminothérapie par exemple) ;
- dormir dans le noir, au calme et à basse température ;
- faire des siestes régulièrement (maximum 30 minutes), notamment si possible en début d’après-midi (chute de la température interne liée au rythme circadien, couplée à la digestion) ;
- ne pas manger trop lourd…
Les micro-siestes, une solution miracle ?
Confrontés à des horaires parfois éprouvants, les taxis en Asie ou les pilotes d’avion sont adeptes des micro-siestes. 15 minutes suffisent pour sortir d’un état d’hypovigilance. Cette pratique fait même son entrée dans les entreprises, pour ses vertus sur la concentration, le bien-être et la productivité.
Somnolence au volant : un risque professionnel ?
Les professionnels sont évidemment concernés par les risques de somnolence au volant. La route est d’ailleurs la principale cause d’accident en entreprise. Comme pour tous les risques professionnels, l’entreprise doit prendre des mesures adéquates pour lutter efficacement : détecteurs de fatigue ou système d’alerte de franchissement de ligne dans les véhicules, actions de sensibilisation, adaptation de l’organisation du travail, travail dans l’urgence à éviter… Ces points de politique de lutte contre le risque routier sont à intégrer dans le document unique.
L’hypovigilance, ennemi des poids lourds
La loi a pris en main le sujet de la fatigue pour les conducteurs de poids lourds (règlement social européen n° 561/2006 du 15 mars 2006). Les transporteurs européens doivent en effet respecter des temps de conduite et de pauses journaliers et hebdomadaires de leurs chauffeurs en tournée. Chargés d’enregistrer la vitesse et les temps d’activité, les chronotachygraphes (dans leur version numérique) sont obligatoires depuis 2006 dans les véhicules neufs de marchandises et transport de personnes de plus de 9 places assises et de plus de 3,5 tonnes (ou 2003 en remplacement des anciens). Un équipement utile pour la sécurité de tous les usagers de la route !
« La dette de sommeil chronique est plus importante aujourd’hui »
Dr Maria-Antonia Quera Salva, neurologue, Responsable de l’Unité de Sommeil - Consultations Troubles du sommeil de l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches.
Comment la somnolence au volant, coupable dans de nombreux accidents, est-elle perçue par les automobilistes ?
Il y a une prise de conscience réelle. C’est un risque mieux pris au sérieux désormais. Il y a moins de départs la nuit et les pauses toutes les deux heures mieux respectées. De plus, seulement 7 % des automobilistes admettent effectuer une courte nuit avant de partir pour un long voyage, contre 22 % il y a 20 ans.
Pourtant, un autre problème se pose...
En effet, la dette de sommeil chronique est plus importante aujourd’hui. Nous constatons que les Français dorment 7 heures en moyenne par nuit, contre 7 heures et demi à la fin des années 90. Presque tout le monde est concerné. Ce manque de sommeil cumulé est une source de fatigue plus grave encore qu’une dette aiguë, sur une nuit. Elle conditionne le stress, la concentration, l’humeur... D’ailleurs, les personnes ayant évité de peu un accident pour hypovigilance sont bien plus nombreuses. L’année suivant cette frayeur, elles ont 3,5 fois plus de risques d’avoir un accident pour cette même raison.
Comment s’explique cette tendance négative ?
Les écrans jouent un rôle majeur. Ils participent à l’entretien d’une mauvaise hygiène de vie, volontairement ou non, n’offrant pas au corps le repos dont il a besoin. D’autres raisons peuvent expliquer un sommeil insuffisamment réparateur : des ronflements, des mouvements périodiques des jambes, l’apnée du sommeil... Ainsi, une sensation de sommeil non réparateur en dépit d’un nombre correcte de sommeil nous indique qu’il faut consulter un spécialiste. Outre la sécurité en voiture, c’est aussi tout le bien-être quotidien qui en dépend.
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